Dans un contexte où les start-up et entreprises innovantes sont en permanente mutation, valoriser du capital immatériel parait impossible. Celles-ci doivent tirer parti d’un environnement prospère pour développer leur potentiel et des capitaux fondamentaux à leur croissance. Dans son livre “Valoriser le capital immatériel des entreprises innovantes”, Bernard Attali en collaboration avec Jacky Ouziel, Stéphane Bellanger et Gilles Trigano nous partage une méthodologie pour éclairer la démarche d’identification et d’évaluation des composantes du capital immatériel.
Les limites des méthodes traditionnelles de valorisation des entreprises
Durant l’année 2020, les entreprises ont été fortement impactées par la crise de la Covid-19. Celles-ci ont besoin de se restructurer et de s’adapter financièrement pour réenvisager leur stratégie financière. Généralement, le capital immatériel de l’entreprise n’est pas correctement évalué par les méthodes traditionnelles qui ne le mettent pas au premier plan. Le capital immatériel de l’entreprise met en avant les richesses cachées des entreprises qui permettent de créer de la valeur.
Nous pouvons alors nous demander de quelle manière pouvons-nous valoriser plus justement ces entreprises ?
Les méthodes traditionnelles qui sont mises en place pour valoriser les entreprises sont :
- La méthode patrimoniale qui tient compte principalement de l’historique de l’entreprise et qui consiste à valoriser l’entreprise à partir du bilan comptable.
- La méthode des comparables repose quant à elle sur une évaluation par comparaisons avec des entreprises qui possèdent des transactions ainsi que des secteurs d’activité similaires.
- La méthode de la DCF qui consiste à déterminer les revenus futurs de la société avec une actualisation des cash-flows pour déterminer la valeur de l’entreprise.
Néanmoins ces méthodes présentent leurs limites, que ce soit dans le fait de ne tenir compte que du résultat comptable ou sur la définition de l’horizon pour prédire les cash-flows et ne tiennent pas en compte véritablement des actifs immatériels d’une entreprise, qui pourtant représentent des actifs valorisables et qui démontre de la richesse de l’entreprise. C’est pourquoi la méthode des actifs immatériels permet d’apporte un complément aux autres méthodes pour déterminer la valeur vénale d’une entreprise.
La méthode des actifs immatériels de Bernard Attali
Cette méthode de valorisation des actifs immatériels s’appuie sur plusieurs années de recherche et est mise en œuvre auprès de différents acteurs dans différents secteurs d’activité. Cette méthode permet donc considérer différents capitaux qui peuvent intervenir au sein d’une entreprise et qui peuvent être valorisables. Ces capitaux sont au nombre de dix.
Le capital humain
Ce capital représente l’intelligence du groupe formé par les acteurs de l’entreprise. Il faut alors tenir compte de divers paramètres comme : le coût de recrutement de l’équipe, l’efficacité du groupe de travail etc.
Le capital innovation
Il prend en compte l’aspect technologique (avec la R&D qui figure à l’actif du bilan) qui met en exergue le marché d’offre et de demande sur lequel l’entreprise exerce mais aussi les produits et les services que l’entreprise développe pour le futur.
Le capital marque(s)
Il fait référence à la puissance de la marque et le risque lié à la marque (avec la protection juridique) qui doit être pris en considération pour la valorisation de l’entreprise.
Le capital client
Il illustre lui les qualités collectives et individuelles de la société avec la relation qu’elle adopte avec ses clients et les ventes qu’elle réalise.
Le capital sourcing
Il montre le design de l’entreprise avec les achats & co-traitance effectués.
Le capital relationnel
Il valorise la récurrence clients, les fournisseurs et permet d’obtenir des informations concernant les approvisionnements, les commandes.
Le capital organisationnel
Il s’intéresse aux procédures, à la structure et au système d’information de l’entreprise et comment sont organisés ses process.
Le capital organisationnel prend 3 aspects en considération :
- la structure,
- les process,
- les ressources humaines.
Le capital partenarial
Il propose un aspect fortement lié au Business Model de la société. Ce capital représente l’implication de l’organisation et sa stratégie avec son horizon, la manière dont elle se projette et compte se projeter.
Le capital actionnarial
Il s’agit ici de montrer la capacité des fondateurs, des Business Angels et des autres actionnaires à courir un risque sur leurs mises de fonds.
Le capital RSE
Il concerne l’intégration par la société de ses différents rôles (social, environnemental, économique).
Pourquoi adopter la méthode des actifs immatériels pour valoriser une entreprise ?
Cette méthode a un véritable apport puisqu’elle permet de dépasser les limites des méthodes conventionnelles de valorisation. Cela permet également concernant les start-up de prendre en considération leur potentiel. Cette méthode va donc proposer une nouvelle approche sur les atouts que les entreprises possèdent et va permettre de les valoriser financièrement et de manière qualitative.
La méthode des actifs immatériels montre que dans le territoire français, les entreprises créent de la valeur. La décomposition du capital immatériel en différents actifs qui créent de la valeur au sein de la société permet de renforcer et de préserver l’intégrité de la valorisation de l’entreprise. Le choix en faveur de la méthode de valorisation des actifs immatériels n’est donc pas uniquement techniquement mais aussi. C’est également un enjeu de conservation des start-up sur le territoire français, car la valorisation de ces entreprises s’en voit renforcée. Cette question de la valorisation a aussi des impacts directs sur l’accompagnement des sociétés dans le développement et la croissance de celles-ci. Finalement, la méthode des actifs immatériels apporte une approche différente sur la valorisation des actifs d’une société mais doit être recoupée avec les méthodes plus traditionnelles pour pouvoir obtenir une évaluation précise de la valeur vénale de l’entreprise et éviter les erreurs de valorisation avec les méthodes traditionnelles qui n’auront pas pris en compte les actifs immatériels.
Bernard Attali est un chef d’entreprise français diplômé de Sciences Po Paris, de l’ESSEC, des Facultés de Droit Paris 1 Panthéon Sorbonne et Paris 2 Panthéon Assas et d’un MBA en Finance de l’IHFI et du DSGC. Après avoir exercé des fonctions de Directions au sein de Directions Financières de Groupes Internationaux (CIT Alcatel, Fiat, Spie), il crée en 2011 Gouvernances et valeurs : un cabinet de conseil dédié aux lignes de métiers Corporate Finance et Corporate Gouvernance. Avec une équipe de 20 associés et consultants, il accompagne ses clients dans le déploiements de leurs stratégies et conseille des PME et ETI dans le cadre de différentes opérations.